FGC6
Les Auteurs
Le caractère exceptionnel et temporaire d’une exposition internationale pousse tout naturellement réalisateurs de pavillons et participants à défier l’éphémère par leur imagination créative en réalisant des œuvres dignes de leur savoir-faire technique astucieux complété du sens esthétique, artistique et culturel, dans le but de marquer la mémoire du visiteur.
La Flèche du Génie Civil en est un exemple frappant dans le souvenir des générations visiteuses de l’Expo 58, au point que très souvent fut oubliée ou ignorée sa fonction de soutien d’une passerelle suspendue au-dessus de la carte de Belgique, tant ont impressionné l’audace et l’équilibre de la flèche contre-balancée par une salle triangulaire sous coupole.

L’architecte Jean Van Doosselaere, chargé de concevoir avec la collaboration de l’ingénieur André Paduart, une construction importante destinée à soutenir une passerelle franchissant la carte de Belgique, sur base des conceptions techniques de l’ingénieur précité, spécialisé dans les constructions de voiles en béton armé a imaginé par étapes successives l’ensemble de la flèche jusqu’au stade final.

L’étude impliquait de nombreux dessins, calculs et recherches de volumes qui notamment, dès les prémices, grâce à la réalisation de modèles et maquettes en dimensions réduites, permirent une meilleure compréhension du projet par le maître de l’ouvrage et les autorités organisatrices de l’exposition.

L’idée de la flèche, dès lors lancée et admise, une série de maquettes furent réalisées avec l’aide du sculpteur Jacques Moeschal appelé en collaboration par l’architecte. La suite des études plastiques, en correspondance avec les études de résistance, stabilité, coffrages et armatures assurées par l’ingénieur André Paduart et son jeune collaborateur Gustave Moussiaux, à l’époque élève-ingénieur, furent réalisées également en collaboration étroite avec l’architecte et le sculpteur précités.
Certaines parties névralgiques furent exécutées, avant la coulée définitive du béton, à dimensions exactes ou échelles réduites en vue de clarifier les difficultés des coffrages.

La Flèche du Génie Civil n’est pas une sculpture mais une construction fonctionnelle, fruit d’une étroite collaboration entre architecte, ingénieur et sculpteur, sans que quiconque puisse en attribuer la paternité à l’un ou l’autre, qu’il s’agisse de l’idée, des formes ou des calculs.

Peut-on penser que le Pavillon Philips de Le Corbusier puisse être autre que le fruit d’une collaboration étroite entre architecte, ingénieur et modéliste?
N’en est-il pas de même du pavillon Français, résultat fructueux de la collaboration de l’architecte Gillet et de ses ingénieur et maquettiste?
Le maquettiste, collaborateur des architectes Guilissen et Koning, serait-il le seul auteur de la Porte des Nations, également calculée par l’ingénieur Paduart?

La Flèche du Génie Civil fut une construction fonctionnelle ne s’inspirant d’aucune forme préconçue abstraite ou plastique de l’espace, mais volontairement audacieuse, offrant l’occasion à un petit groupe d’hommes de donner le meilleur d’eux-mêmes à la recherche de l’expression du beau sans déni d’une frappante audace.

Jean Van Doosselaere.


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